Parc de la porte de Ninove

Programme

Processus de co-création et parc évolutif

L’aménagement du parc de la porte de Ninove restitue l’effet d’entrée de ville qui a longtemps caractérisé cette porte fluviale bruxelloise. Il ne s’agit pas d’une restauration patrimoniale, mais d’une tentative de création d’un espace végétal qui évoque, sans la forcer, la configuration antérieure de cette partie de la ville. Jusqu’à la première moitié du XIXe siècle, le caractère agricole et fluvial était dominant. Le développement de Molenbeek a fait disparaître cette campagne proche. Le choix d’un parc ouvert rappelant une prairie crée une véritable rupture visuelle qui qualifie le quartier et redonne à la porte sa fonction de seuil. La prairie urbaine prend la forme d’une succession d’anneaux inclinés, permettant un jeu de gradins et de pentes, qui protègent des nuisances tout en offrant un espace ouvert. Le projet affiche une disposition à la frugalité et à la simplicité qui contraste avec l’habitude de suréquiper les espaces de détente. On n’y trouve ni aire de jeux ni terrain de sport. Les enfants peuvent jouer dans les gradins, les adultes courir autour des cercles. L’objectif des concepteurs était de créer un dispositif ouvert, susceptible d’être approprié, qui expose les usagers plutôt que de chercher à en dissimuler la perception, comme dans la plupart des jardins urbains. Le parc de la porte de Ninove évoque la manière dont certaines places minérales matérialisent l’espace public. Ceci, sans négliger sa fonction récréative et sa mission première d’offrir aux habitants des quartiers environnants un espace de nature urbaine. La volonté de signifier l’espace public n’est pas sans rapport avec l’histoire du site et la mobilisation citoyenne dont il a été l’objet. L’aménagement d’un espace vert pour le quartier est au coeur d’une revendication des habitants depuis une trentaine d’années. Aujourd’hui, cette mobilisation se poursuit pour l’avenir de la parcelle au nord de la place, de l’autre côté de l’avenue. Un projet de trois tours y est bloqué aussi bien par les habitants que par la remise d’un avis négatif du plan d’aménagement directeur. En matière de qualité spatiale, l’absence de clôture, d’arbres et de buissons aurait pu avoir pour conséquence de faire entrer dans le parc les nuisances de la circulation automobile intense de ce carrefour d’entrée de la ville. Il n’en est rien. Le dégagement visuel du parc semble au contraire élargir son rayonnement et lui permet de s’étendre dans toute la portion délimitée par le bâti environnant. Ces cercles inégaux et concentriques se prolongent ainsi au-delà des limites de la parcelle du parc.

Christophe Catsaro