Logements Duchesse

Programme

Appartements (simplex et duplex), maisons, jardin partagé et salle commune

Situé sur la place de la Duchesse de Brabant à Molenbeek, cet ensemble d’habitations remplace deux halles industrielles en intérieur d’îlot, en prenant soin de préserver l’hôtel particulier de 1880 qui donne sur la place. Il s’agit d’une reconversion / densification qui organise cinq appartements, deux maisons et un duplex dans trois bâtiments autour d’une cour plantée. À l’initiative d’un promoteur privé qui, contre toute attente, a osé s’écarter du conformisme du marché immobilier, cette réutilisation théâtralise la transformation du lieu en figeant un élément du passé dans son état de ruine. Loin de tout formalisme postmoderne, le réemploi d’un élément structurel libère l’espace sous le bâtiment afin d’y placer l’atelier partagé. Il permet également de considérer l’évolution du site dans sa continuité au lieu du lissage et de l’amnésie qui caractérisent les opérations de démolition / reconstruction. Globalement, l’écriture des nouveaux éléments est simple et qualitative, avec une utilisation désinhibée des matériaux bruts. Sans luxe ni design ostentatoire, l’ensemble affiche une identité forte dans sa façon de constituer une communauté d’habitants. Il offre des espaces généreux et bien exécutés en utilisant intelligemment des éléments standards. L’aménagement des espaces de vie est atypique, avec des dispositions qui s’adaptent aux gabarits des bâtiments plutôt que de chercher à remplir les standards peu imaginatifs du marché immobilier. Les logements assument les vis-à-vis et la mitoyenneté induite par la taille de la parcelle. Afin de limiter l’emprise au sol, les appartements sont disposés verticalement plutôt qu’horizontalement. Bien que les pièces soient compactes, elles ne paraissent pas exiguës, grâce aux ouvertures visuelles sur l’espace commun. Les appartements, qui sont proposés à l’achat dans une gamme de prix abordables pour Bruxelles, respirent le bien-être qui qualifie les coopératives d’habitants. Il serait difficile d’imaginer qu’une famille y emménage pour y mener une vie repliée. La cour et la disposition des habitations suggèrent, sans l’imposer, l’idéal de vie communautaire. C’est un élément immatériel du passé architectural du lieu qui a été magistralement transposé dans sa forme reconvertie.

Christophe Catsaros