Logements Paris-Saclay
Programme
Logements étudiants, bureaux, commerces et parking
En l’absence de connexion au réseau ferroviaire métropolitain, le plateau de Saclay, nouveau campus emblématique de la région parisienne, reste majoritairement dépendant des transports automobiles, à savoir les bus à haute fréquence et, bien sûr, les voitures. Le bâtiment insolite de Baukunst et Bruther – une résidence étudiante dont la moitié est occupée par des places de parking – est emblématique de cette situation paradoxale. L’édifice est reconnaissable aux arcs en béton qui recouvrent son toit. Les rampes d’accès spacieuses trahissent leur fonction : les trois premiers niveaux sont des parkings ouverts. Les appartements occupent les trois niveaux supérieurs. Le caractère théâtral de la circulation verticale créée par les escaliers en colimaçon donne à l’ensemble une dimension ludique qui s’accorde assez bien avec la sobriété et la franchise néobrutaliste du bâtiment. Au lieu de cacher la voiture pour encourager discrètement son utilisation, elle est placée au coeur de l’écosystème bâti. Cette disposition est toutefois réversible, puisque les places de parking pourront être reconfigurées en logements lorsque l’arrivée du métro aura rendu obsolète l’usage de la voiture individuelle. Cette sincérité architecturale est à l’opposé de la doctrine de la plupart des soi-disant écoquartiers qui, tout en affichant des principes écologiques, proposent à leurs habitants d’innombrables parkings souterrains, forcément camouflés par un jardin d’agrément. La franchise du dispositif proposé par Baukunst et Bruther rompt avec l’illusion aliénante de faire partie d’un monde durable. La prise de conscience de sa véritable condition, désormais écologique, autrefois sociale, n’est-elle pas un premier pas vers l’émancipation ? La radicalité de l’édifice fonctionne comme une thérapie de groupe. Un manifeste construit sur la condition à dépasser. Une manière architecturale d’exposer les contradictions et d’appeler au changement. Le fait que les places de parking ne soient pas souterraines présente un dernier avantage, et non des moindres : celui d’un coeur d’îlot en pleine terre. En plus de permettre au bâtiment de s’adapter à l’évolution des besoins, cette configuration permettra à de grands arbres d’enrichir le jardin intérieur.
Christophe Catsaros
- Logements multiples
- Année de conception
- 2015
- Année de réalisation
- 2021
- Architecte
- Baukunst
- Architecte
- Bruther
- Maître d'ouvrage
- 1001 Vies Habitat – EPAPS
- Stabilité
- Batiserf
- Techniques spéciales
- Inex
- Acoustique
- Gamba
- Paysagiste
- Franck Neau
Boulevard Gaspard Monge, 24-28
91120 Palaiseau
France
Architectures Wallonie-Bruxelles Inventaires #4 2020-23