Logements Jolly

Programme

Logements sociaux et de réinsertion, salle commune et jardin partagé

Le 172 de la rue Jolly à Bruxelles cache plutôt bien son jeu. Derrière sa façade rudimentaire, uniformément recouverte de tôle à l’exception du rez-de-chaussée habillé d’un carrelage bleu-vert, il est difficile de deviner le soin apporté à l’aménagement des espaces de vie de cet immeuble d’appartements sociaux. Outre la cour intérieure recouverte d’une simple pelouse et cadrée par de vieux murs mitoyens, c’est la conception de cet immeuble, imaginé pour des résidents en voie d’intégration, qui mérite l’attention. Plus précisément, il existe un grand espace commun au rez-de-chaussée qui sert déjà de lieu de socialisation pour certains des résidents qui n’ont pas d’autre attache à Bruxelles que leur logement. C’est également là que se déroulent les sessions de formation. L’effet de cette salle commune est décuplé par l’accès au bâtiment, qui se fait par un passage couvert reliant la rue et la cour intérieure. Ce couloir ouvert longe la salle commune, séparée par une baie vitrée. Cette ouverture transpose la socialité d’une rue au coeur du bâtiment. En rupture totale avec la pratique actuelle qui consiste à tenter de réduire les croisements dans les halls d’entrée, le bâtiment propose un aménagement qui évoque la socialité de la première moitié du XXe siècle, lorsque les cours d’immeubles étaient des lieux d’activité et d’échange. Ainsi, outre les enfants qui jouent sans surveillance dans la cour, les résidents peuvent échanger deux mots avant de rentrer chez eux. La même incitation à la socialisation prévaut aux étages supérieurs — certains appartements sont organisés sur une base coopérative, avec des espaces privés et d’autres partagés. La construction simple du bâtiment, revêtu à l’intérieur d’épicéa, trahit sa structure en bois et nous rappelle que le logement public peut être à la fois peu coûteux et extrêmement qualitatif dans le cadre qu’il offre à ses habitants.

Christophe Catsaros